L'Avenir du travail (Documents) (French Edition) by Jacques Attali

Auteur:Jacques Attali [Attali, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2007-05-22T23:00:00+00:00

17. Préparer aux métiers d'après-demain

Conserver une rente de savoir sera de plus en plus difficile : 80 % des connaissances actuellement pertinentes dans l'exercice de la plupart des métiers seront sans utilité dans dix ans14. Cinq ans après l'achèvement de ses études, un ingénieur en électronique, en génétique ou en robotique ne peut plus guère utiliser que 50 % de ses connaissances, les autres étant dépassées par les progrès techniques. Au total, en 2007, le savoir technique disponible, mesuré par le nombre de pages des publications, double tous les sept ans. Il doublera en 2030 tous les soixante-douze jours.

Voilà qui obligera à une remise à jour de plus en plus rapide des connaissances des travailleurs et à une mutation de plus en plus accélérée de la formation initiale. Le temps nécessaire pour se tenir informé, pour apprendre, donc devenir et rester « employable », augmentera d'autant. L'éducation tout au long de la vie entraînera une transformation, une redistribution et une nouvelle harmonisation des temps dévolus à l'éducation, au travail et à la formation. Les savoirs utiles ne seront pas exclusivement les savoirs immédiatement valorisables : les savoirs « humanistes » et les savoirs « scientifiques » fondamentaux, les sciences de l'apprentissage revêtiront une importance de plus en plus grande.

La formation exigera de voyager de plus en plus : pour rester « employable », il faudra montrer des qualités de voyageur. Le nombre total de visas accordés à des étudiants étrangers par la France est passé de 23 000 en 1997 à plus de 58 000 en 200115. Ces jeunes convergent de plus en plus vers les mêmes endroits : 80 % des étudiants étrangers de l'OCDE étudient dans seulement cinq pays (les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Australie).

Les universités publiques ou privées seront de plus en plus recherchées et devront affronter une concurrence entre elles de plus en plus sévère. Elles devront être gérées comme des entreprises et auront à recruter un nombre de plus en plus important d'enseignants, de chercheurs et de personnels administratifs. Le classement de ces universités, selon des systèmes de notation universellement reconnus, influera beaucoup sur le statut et la rémunération des professeurs.

Les entreprises s'investiront de plus en plus dans la formation jusqu'à créer des universités d'entreprises réunies sur des campus privés. Les États accorderont à leurs diplômes la même valeur qu'à ceux des autres universités, publiques ou privées. Par ailleurs, des systèmes de validation des acquis de l'expérience accompagneront une désacralisation du diplôme comme attestation d'un cursus, grâce à l'apparition de nouveaux modes de reconnaissance des parcours de formation et des compétences.

Le progrès des neurosciences et la prolifération d'objets virtuels, modifiables et accessibles à l'infini, facilitera l'acquisition des connaissances : l'apprentissage, longtemps confiné à des lieux spécifiques, telle l'école, sera de plus en plus accessible à distance.

La formation initiale restera essentielle, car les rendements espérés de la formation permanente décroissent a priori avec l'âge. De surcroît, l'efficacité de la formation permanente est fortement corrélée avec le niveau d'éducation initiale. En définitive, la formation permanente continuera de n'avoir qu'un impact plutôt faible sur la mobilité sociale.

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